La vie en parallèle

Et puis la vie reprend son chemin après une période d'euphorie et de malaise.

Le jour de la confrontation arrive : il faut voir l'officier d'immigration canadien qui va te demander pourquoi tu veux partir? Ou plutôt pourquoi je veux quitter le Maroc? Quelqu'un me pose la question et en plus, c'est la personne qui va décider si je suis éligible ou pas. Curieuse situation.

Documents en poche. Le destin et un peu de ma volonté ont voulu que je sois éligible. Et ma dulcinée? Comment lui expliquer? Elle ne sera pas forcement d'accord. Pourquoi lui ai-je caché cette partie de ma personnalité? Pourquoi ne rêve je pas aux mêmes choses que mes compatriotes?

Je me rendis finalement compte qu'il fallait assumer et le débat, quelques fois houleux, s'engagea entre nous trois : ma dulcinée, mon hésitation et moi-même. Ce fut des discussions à n'en plus finir, des discussions à tiroir, des pleurs et des tiraillements inimaginables.

Finalement la décision fut prise : l'hésitation avait triomphé. Dorénavant, nous mènerions une double vie ou plutôt deux vies en parallèle. Il fallait s'investir dans notre vie actuelle et préparer notre départ en même temps. Eh oui, pour la première fois ce projet devenait un projet de deux personnes. Le virus était passe. Mon ami d'antan me l'avait inocule, je l'avais longtemps incube et maintenant je le faisais grandir.