Je retiens mon souffle.
Depuis que j'ai déposé mon dossier à l'ambassade du Canada à Rabat, j'ai l'impression de retenir mon souffle. J'ai l'impression d'être de passage dans des endroits où je vis depuis toujours, dans des rues que j'emprunte depuis longtemps. Terrible sensation ! Je suis dans une sorte de sursis. Et puis l'horreur. Ce sentiment se transforme en étouffement quand je pense un instant qu'un grain de sable pourrait mettre a bas mon projet, notre projet. Ce sentiment indescriptible m'étreint le thorax et m'empêche de respirer. Quelle difficulté de vivre par procuration.
Le bonheur est à vivre a chaque moment. Il faut savoir profiter de chaque instant. Telle est ma conception de la vie. Et, pourtant. Je me suis mis dans la situation d'attendre mon bonheur, d'attendre mon visa. Je me suis mis dans cette situation tout seul et parfois j'en souffre. Je me soulage quand ma dulcinée et moi rêvons d'un avenir meilleur. En espérant qu'il le sera.
Partir à l'aventure, quelle excitation. Devoir attendre le jour du départ, quelle souffrance.
Imaginer son bonheur, est-ce un soulagement ou une torture? Je n 'arrive pas encore à répondre a cette question.
Ce matin encore, j'ai longtemps espère un avenir meilleur pour ma petite famille.