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L'émigrant

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25 août 2006

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17 juillet 2006

Il dort dans mes bras.

La petite tête vacille, les petits yeux se ferment, les petites mains frottent les petits yeux. La petite tête se pose et cherche sa place sur la grosse épaule, elle se love contre cette épaule qui est là pour elle. Les petits yeux luttent contre le sommeil, ils essaient de s'ouvrir pour mieux se refermer. Tout ce petit corps se recroqueville en cherchant une position idéale pour s'endormir.

Et puis soudain, tout ce petit corps se laisse aller, tout ce petit corps s'endors, tout se petit corps s'abandonne dans mes bras. Son sommeil me laisse ému, sa frimousse reposée me fait sourire, m'attendrit, me fait courir un frisson dans le dos. Je suis heureux que ce petit être s'endorme dans mes bras, il me signifie sa confiance et son amour. Il ne peut les exprimer par des mots, il me les exprime par ce geste, par cet abandon dans mes bras. Sa frimousse me parle, son innocence m'interpelle, ses yeux fermés si tendrement m'émeuvent.

Je suis prêt à le tenir, à le soutenir toute la nuit si il faut. Le déposer dans son cocon est une véritable épreuve pour moi, une réelle séparation, une épreuve que je n'aime pas surmonter. Le garder contre moi, sentir son souffle, percevoir son petit coeur, observer son innocence; tout cela est un véritable bonheur, une révélation à chaque fois, un cadeau toujours. Quel honneur quand mes bras se transforment en lit, en cocon protecteur, quand mon épaule se voit attribuer le rôle de refuge, de sanctuaire du sommeil.

Comment imaginer ce bonheur si simple ? Un petit être vous manque et toute la terre est dépeuplée. Il grandira, c'est certain, inévitable, allais-je dire. Mon épaule sera toujours là pour accueillir la sienne, mes bras seront toujours à sa disposition pour le soutenir dans son sommeil.

Je l'embrasse sur son petit front et le dépose délicatement dans son lit. Je sens toujours sa chaleur contre moi, j'attends patiemment que la déchirure se referme.

26 avril 2006

Document

quebecimm2006.pdf

Bonne lecture.

13 avril 2006

Transparence

Soutien à Jankari.

J'en suis attéré. Un tel acharnement, un tel tolé contre quelqu'un qui ne fait que son métier. La situation est absurde. On sanctionne celui qui relève l'anomalie. Que dire ? Que penser ? Quel exemple ! Quel enseignement.

J'ai failli y croire. Je retombe lourdement dans la triste réalité. Au lieu de laisser l'information aux personnes, on pousse les journalistes à s'autocensure. Blog, Blog, Blog quand tu nous tiens. Tu nous fais écrire tout haut ce que les autres censurent tout haut. La limite a finalement été atteinte.

Bloguez internautes marocains. C'est bien, mais pour nous divertir, nous amuser, nous annoncer ce que voulons entendre. Mais restez loin de la réalité, de la vérité. Exprimez-vous, épanchez-vous mais sans bousculer l'ordre établi.

D'un espace de liberté nos blogs vont devenir un espace de surveillance. Quand dans d'autres contrées, les blogs fusent, dérangent, relatent la vérité, bousculent, éclabousse, nos blogs sont sommés de se conformer à la pensée unique, à la pensée lisse et dorée.

Laissons derrière nous nos réflexes archaïques d'angoisse, de peur, d'autocensure. Laissons aux blogs leur liberté, laissons aux bloggueurs la possibilité de changer le monde. Je rêve peut-être.

Un exemple de transparence : http://www.cic.gc.ca/francais/depenses/2006-Q1/solberg/index.html

26 novembre 2005

J'ai froid

J'ai froid. Je me sens froid. Il neige mais je ne le sens pas. Il gèle. Mes doigts souffrent, mon coeur encore plus. Je m'approche d'un chauffage, mes doigts sourient, mon coeur refuse d'ouvrir les yeux de peur que ses larmes coulent et n'attirent l'attention.

Je voudrais que le froid fouette son visage. Je voudrais ses doigts s'engourdissent, je voudrais que la neige l'empêche d'avancer. Si je ne peux aller vers elle, je préfère qu'elle souffre dans froid dans lequel je marche. Au moins elle sera près de moi. Je la toucherai, elle me parlera, on s'esclaffera, nous braverons la neige tous les deux.

Que dis-je tous les trois. Deux êtres vous manquent et le monde est dépeuplé. J'aurai tant voulu sentir ses joues toutes froides, j'aurai tant voulu rire de son petit nez tout rouge dans le froid. Les voir souffrir du froid ou les savoir loin de moi. Je ne sais qu'elle est la plus terrible des sentences. Je sens égoïste, possessif. Ils me manquent tout simplement.

Je l'imagine courir, découvrir, grandir. Je me sens trop loin. Qu'ai-je raté ? Qu'a-t-il appris ? Comment se sent-il ? J'ose à peine me poser ces questions, j'ose à peine y penser.

Au moins ils sont ensemble, ils se soutiennent, ils m'attendent, je crois. Demain sera un autre jour. Demain sera le grand jour. Jamais je n'aurais pu imaginer un vide de cet ampleur, jamais personne ne m'aurait pu me le décrire, jamais un tel froid ne m'a gagné, jamais de ma mémoire je ne pourrais l'effacer.

Je l'imagine, je vois son visage, je m'attendris devant sa frimousse. Soudain un sourire éclaire mes souvenirs, d'un seul coup le soleil se lève dans mon coeur. Mon coeur sourit enfin.

Ma dulcinée tu me manques.
Mon petit garçon, ton absence est un cruel moment à vivre.

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22 août 2005

Que de frustrés nous sommes !

Je publie un article que j'avais publié sur emarrakech. Car ce phénomène prend une ampleur innommable en été.

Rouler en voiture et marcher dans la rue sont devenus synonyme de pêche.


Nous nous parons du meilleur.draguer

On s’enorgueillit d’une culture plus que millénaire, on se targue de traditions séculaires, on se pare d’une histoire glorieuse. On se sent homme parmi les hommes, on se dit respectueux, on se pense éduqué.
On critique aisément la modernisation, verbalement on défi régulièrement la dissolution des mœurs.

Et pourtant !
Nos comportement sont tous autres, nos agissements sont en complets décalages avec nos éloquents discours.

Un nouveau hobby national.

Un phénomène me choque quotidiennement, me pousse à réfléchir, me donne matière à pense. La drague en voiture plus connue sous le nom de « pêche ». On lui a trouvé un nom qui déjà la transforme en hobby en passe-temps en activité extra-professionnelle.
Ceux-là mêmes qui se drapent de tradition, de famille, de respect n’hésitent a enfourcher leur canne à pêche pour pratiquer leur sport favoris. Cette activité est devenu un réflexe, une façon de vivre pour certain. Activité qui paraît normale quand la victime est une inconnue, activité qui devient hautement décriée quand la cible est une sœur, une cousine, une mère, une connaissance, une voisine. Une schizophrénie poussée au paroxysme.

Et puis une question me vient à l’esprit ? Comment planifie-t-on une partie de pêche ? Est-ce au petit bonheur la chance ? Est-ce planifié ?

Dans tous les cas, le comportement me parait absurde.

Supposons que notre pêcheur endurci pêche quand l’occasion se présente. A ce moment-là, il allait bien quelque part, il se dirigeait bien vers une destination. Il laisse tout tomber pour faire des stops incessants, pour gêner la circulation, pour rouler à la vitesse d’une piétonne, pour parler à quelqu’un se trouvant à plusieurs mètres de lui. Il me paraît évident que nous n’avons pas suffisamment d’activités sérieuses et que toutes les activités professionnelles ou autres passent au second plan. Quel gâchis de temps et d’énergie.

Supposons maintenant que notre pêcheur endurcit prenne son carrosse et se destine uniquement à son hobby favori. Il sort donc de chez lui pour traquer la proie et remplir son filet. Il roule donc incessamment, sur la droite bien sur, une main sur le klaxon pour les victimes qui marchent en lui donnant du dos et l’autre main sur la manette du phare pour les victimes qui marchent en lui faisant face. Le constat me paraît aussi grave. Prendre sa voiture pour draguer toute une journée ou toute une après-midi, sortir de chez soi avec cet unique but en tête, quel gâchis, quelle perte de temps, que de carburant engloutit. Il me paraît évident que nous manquons d’activité pour nous distraire ou alors que toute activité culturelle, artistique, physique en rebute plus d’un.

Et puis parlons des cibles. Elles se prêtent facilement à ce jeu macabre. Elles se glissent aisément dans les filets du pêcheur sans penser aux risques qu’elles peuvent encourir.

Nous sommes certes libres de nos comportements, de nos mœurs. Mais manquons-nous tellement d’endroits, de situations plus propices à des rencontres ? Cela semble vrai. Seul le racolage semble combler ce désir de rencontre.

En tous cas, je m’insurge sur cette pratique aussi dégradante pour l’homme que pour la femme. Créons des espace de rencontres sains et sans ambiguïtés. Rendons à nos piétonnes leur tranquillité.

15 juillet 2005

Nous avons nos visas.

Je le sais depuis près d'un mois. Je suis rassuré sur mon sort. Je me crois fort. Je me sais rationnel. Je m'imagine le torse gonflé, le sourire aux lèvres, la liberté plein la tête.

Nous sommes jeudi, demain vendredi est le grand jour. Je n'arrive pas à dormir. Il fait trop chaud, il fait trop humide. Non, ce n'est pas ça ... J'ai trop chaud et je transpire à n'en plus finir. La tension augmente et je ne m'endors qu'à une heure avancée de la nuit. Mais rien n'y fait. Même pas mon état de fatigue avancée. Je me réveille plusieurs fois par heure, je n'arrête pas de me retourner, mes pensées sont confuses, une partie de mon destin est entre mes mains, ma vie va changer, notre vie va basculer, notre quotidien va être transfiguré.

Je prends la route. Je file vers mon destin. La tension monte. Ma dulcinée me rassure. Ma transpiration ne s'arrête plus, mon pouls s'emballe. Et si quelque chose défaillait. Et si un problème surgissait au dernier moment ? Et si on me le refusait au dernier moment ? Je transforme tous les détails insignifiants en un écueil infranchissable, j'imagine tous les scénarii possibles, je suppute beaucoup trop de choses, je me morfonds. La tension monte, ma transpiration s'accélère.

J'arrive devant la porte, je scrute la longue file, je regarde les mines stressées, je me rassure en échangeant quelques mots pour trouver mes repères. Tout le monde a peur, chacun stresse, personne ne dit mot, tout le monde regarde une porte de fer comme si c'était la porte du paradis, tout le monde attend son ouverture, chacun se tient prêt a s'engouffrer à la moindre occasion. J'en suis certain, tout le monde est plein d'espoir, chacun imagine le pire. Les couples chuchotent, les amis rassurent, ma dulcinée me réconforte. La porte s'ouvre, la file se resserre, les transpirations se mélangent, les respirations se raccourcissent, le silence se fait religieux.

Enfin dedans !!! Notre sort est jeté. les numéros s'égrènent, mon tour approche, ma respiration s'accélère, ma sudation devient insupportable. Ma dulcinée me réconforte, essaie de me rassurer me réchauffe le coeur. On m'appelle, je me précipite, je me jette, je n'entends plus rien, je cours, je ne vois plus personne. Chacun est seul dans son attente, nous avons tous choisi le même bateau, nous partirons tous.

On est tous assis et on attend. Le premier candidat est appelé au guichet. On lui signifie qu'il doit revenir plus tard. Le silence devient plus suffocant, un murmure grave et assourdissant traverse la salle. Mauvaise augure? Malchance commune? Fin d'un rêve? Début d'un désespoir? Finalement, il devra revenir dans quelques jours pour cueillir son billet pour la délivrance.

Le compteur continue à égrener les numéros. Je saute quand mon tour arrive. Je les prends à pleine main, je les serre contre moi. Nos visas d'immigration sont près de moi, je les touche, je les ai enfin.

L'avenir me dira si j'ai fait le bon choix. Mon espoir est immense, mes aspirations sans fin. Mon premier périple est terminé. Je suis abattu, fatigué, las. Ma journée se termine. Mon esprit vagabonde.

9 juillet 2005

Mea Culpa

Je me sens coupable, envers moi-même et aussi envers ceux qui m'ont encouragé, qui m'ont écris, qui m'ont patiemment lu, qui m'ont suivi dans mon périple.

Mais maintenant je me connais. Écrire m'a permis d'exulter, de respirer, de m'alléger de terribles fardeaux, de me confier au monde, de m'ouvrir aux autres, de partager mes espoirs, de confronter mes opinions.

Je le sais maintenant, j'écris quand je me sens mal, quand mon monde va mal, quand ma perception du monde vacille, quand mes espoirs s'amenuisent. Terrible dilemme !!! J'adore écrire, j'écris quand je me sens désemparé. J'adore être heureux. Si je suis heureux, je n'écris plus. Il ne reste plus qu'à appeler au secours. Mon dilemme est terrible, mon désir d'écrire immense.

Me faire violence, me motiver, écrire malgré tout. Je ne trouve pas encore cette force. Que faire ? Vivre sans écrire ? Impossible car j'ai l'impression de perdre mon temps, de ne pas partager avec les autres.

Puis une espoir transparaît. Ma douce moitie, mes amis qui me lisent .... Elle me reproche de ne plus écrire, ils se demandent pourquoi je n'écris plus. Elle me le rappelle incessamment, je le ferais d'abord pour elle. Il faut trouver le temps, trouver le moment le plus propice pour coucher mes pensée. Ma résolution est forte, j'espère que ma détermination le sera aussi.

Qu'il est difficile d'écrire son bonheur, qu'il est facile de s'épancher !!!

22 mars 2005

J'aimerai que la vie s'arrête.

   
Je me surprends à vouloir arrêter le déroulement de mon existence.
Je désespère à attendre une lettre, un signe, un appel. La vie est un long fleuve tumultueux. L'attente est affreusement longue, le temps désespérément long.

Attendre, attendre, attendre, attendre.
Je ne fais que ça depuis bientôt plusieurs années. Mon facteur s'est transformé en messie, en messager du bonheur. J'en viens à détester le week-end tout simplement parce qu'il n'y a pas de courrier ces deux jours. J'attends impatiemment le lundi comme un enfant attend un improbable cadeau. J'attends le facteur comme un enfant attend le retour de ses parents. J'attends un courrier des services de l'immigration comme un enfant attend une récompense.

Réfléchir, réfléchir, réfléchir, réfléchir.
Ma vie se déroule. Ma situation évolue. J'ai même peur qu'elle s'améliore trop et que mon désir de partir s'émousse. Suis-je devenu paranoïaque?
Les perspectives d'évolution me font peur, me rebutent, me poussent à réfléchir.

Sincèrement, l'attente est trop dure, trop pesante, trop lourde à supporter. Il faut quand même tenir car je veux assouvir ma soif de départ, je veux vivre mon rêve, je veux tenter ma chance.

Attendre, mon activité favorite, une activité imposée, un passe-temps pour passer le temps. Finalement, je tue le temps en attendant. J'espère que je ne me consumerai pas en même temps, j'espère que ma flamme restera intacte.

26 février 2005

Le fetichiste.

Je l'ai vu. J'ai même l'impression qu'il m'a regardé en ricanant.

J'ai hésité avant de lui tendre la main. Il m'a snobé au premier coup d'oeil et il me snobe encore.

Il était impassible et flegmatique, j'étais fébrile et ému devant lui.

A quand notre prochaine rencontre? Quand viendra-t-il spécialement pour me voir?

Incontestablement, il joue la vedette. Invariablement je reste fan.

Je l'ai rencontre à l'ambassade. J'y étais pour déposer quelques documents manquants. Il était caché au détour d'un couloir. Il était au chaud dans la poche d'un émigrant. Le visa, le sésame, la clef était là tapi dans l'ombre me narguant presque. Je me connais rationnel, cartésien. Mais l'émotion était plus forte. Mon fétiche était là; celui que j'attends depuis si longtemps me regarde. Il se tenait près de moi.

Puis j'inspirais profondément, j'emplissais mes poumons; je le regardais et m'efforçais de garder mes esprits, de revenir dans le monde réel.

Cette fois-ci, il n'était pas venu pour moi. Bientôt il frappera à ma porte pour que je parte avec lui, pour m'emmener au loin. Il m'emmènera, j'en suis convaincu, vers de nouveaux horizons.

J'y crois, j'espère, j'imagine. 

15 janvier 2005

Elle me regarde.

Elle me regarde, je la regarde. Elle me fait énormément de bien, j'essaie de lui donner le plus possible. Elle me chérit tendrement, je la couve de tout mon coeur. Elle me donne un nouveau souffle tous les matins, je la soutiens du plus profond de mon âme.

Elle me regarde avec des yeux qui ne semblent s'ouvrir que pour moi, qui semblent sourire uniquement quand je suis là. Elle me sourit, elle me sourit, elle me sourit.

Je la serre dans mes bras et d'un coup son coeur s'emballe, et soudain mon coeur danse la chamade. Elle cache sa tête dans le creux dans mon épaule pour mieux me faire sentir son amour. Je pose ma tête sur la sienne pour mieux la réconforter.

Nous avons bâti ensemble un empire que nous défendrons contre tous les assauts, que nous ferons prospéré, que nous gardons jalousement au fond de notre coeur.

Elle me comprends, elle me pardonne, elle me suit dans mes projets les plus fous, elle me donne du courage, elle me sourit, elle me regarde.

D'ailleurs je me contenterai uniquement de son regard tellement il me m'emeut. Ma vie est dans son regard, je trouve ma force dans son regard.

Mon amour pour elle va en grandissant, son amour pour moi me fait fondre.

Ma dulcinée, je t'aime.

Continue à me sourire. Continue à me regarder. Je plonge dans tes yeux et je respire à travers ton sourire.

Continue à me regarder, continue à me regarder, continue à me regarder.

11 janvier 2005

C'est un petit rien mais qui compte.

Qui veut tuer son chien l'accuse de rage. Je me répète ce que certains pourront me lancer à la face.

J'ai inscrit mon fils dans les registres de l'état, j'ai réclamé son passeport et bien d'autres formalités. Dans chacun des cas, mon interlocuteur savait que mon fil était un nouveau né, dans chacun des cas, des formalités concernaient un état de nouveau né. Mais rien aucune réaction, aucun sourire, aucune expression de sympathie. La neutralité de l'administration, l'impersonnalité des procédures me suis-je à chaque fois répété. Et puis ces gens sont des étrangers pour moi et je le suis pour eux. Pourquoi me féliciteraient-ils, pourquoi me glisseraient-ils un mot gentil ? Je ne suis qu'un numéro finalement, qu'un feuillet administratif qu'ils remplissent machinalement.

Ma famille était heureuse pour moi, mes amis m'ont appelé et m'ont félicité, mes collègues m'ont serré la main et embrasse sur les deux joues, mes voisins m'ont glissé un sourire, certains passants en me croisant avec mon fils tout fraîchement arrivé m'ont affectueusement regardé.

Cela me suffisait amplement et la réaction de l'administration ne me regardait même pas.

Et puis je reçois un courrier du Québec concernant la naissance de mon fils. J'avais auparavant fait les démarches pour l'inclure dans mon dossier. Rien d'extraordinaire, si ce n'est un petit carton au milieu de tous les formulaires administratifs. Je le prenais nonchalamment pensant que c'était un formulaire comme un autre.

Hé bien non ! C'est un carton écrit à la main où on me félicitait de la naissance de mon fils. Je tombais des nues. Ces gens ne m'avaient jamais vu, ne m'avaient pas entendu au téléphone et pourtant ils prenaient le temps et la peine de m'écrire un mot gentil.

Encore fois, certains me diront que j'en demande trop. Je n'avais jamais demandé ce geste, et ne pas recevoir n'aurait rien changé pour moi. Le recevoir m'a fait sourire, m'a fait réfléchir, m'a fait penser à ceux qui ne m'avaient rien dit.

Je suis profondément humain et mon environnement actuel ignore et ne respecte pas l'homme.

26 décembre 2004

Elle est partie.

Imaginer un monde sans elle, vivre sans son regard si reposant, ne plus demander après elle, ne plus pouvoir l'embrasser, ne plus sentir sa sagesse, tel est mon destin désormais.

Je n'ai jamais imaginer ce jour, j'ai toujours évité d'y penser, elle a toujours occupé une place irremplaçable et unique. Il faut pourtant s'y résoudre, plus personne ne me la ramènera, plus personne ne me regardera de la même façon, plus personne ne me parlera comme elle le faisait, plus personne ne me sourira comme elle savait le faire.

Elle nous a s'y souvent rassemblé, elle était l'unique repère, elle avait su tous nous comprendre, elle avait magiquement fédéré tout le monde autour d'elle.

Un pan de notre histoire est parti, une partie de mon enfance s'estompe un peu plus, le ciment de la famille s'effrite un peu plus.

Elle est dans un monde meilleur, j'en suis certain, elle nous regarde avec amour, j'en suis convaincu, elle continue à nous aimer et à nous chérir, j'en suis persuadé.

Elle est partie ma grand-mère, que Dieu l'accueille en sa sainte miséricorde.

Je l'aimais énormément, je l'aime encore de tout mon coeur.

Je n'ai plus qu'une seule chose à faire désormais; écraser la larme qui perle au coin de mon oeil chaque fois que je pense a elle.

25 novembre 2004

Je ne la remercierai jamais assez.

C'était mon premier écrin.

Ce fut mon premier refuge

Elle a balisé ma piste d'envol.

Elle m'a poussé à m'épanouir. Elle a tout mis en oeuvre pour que ma vie sois belle, agréable et douce. Elle me réchauffe la vie. Elle me facilite la vie. Et pourtant je la quitte, je m'éloigne d'elle. Jamais je ne saurais si mon projet d'émigration l'enchante. Jamais je ne connaîtrais le poids de ma décision.

Et pour cause, elle me supporte dans tous mes projets.

Que Dieu garde ma mère en vie. 

18 novembre 2004

Demain sera un autre jour.

Je laisse tout. J'emmènerai mes rêves, ma vie, mon futur, ma dulcinée, mon fils. Ni elle, ni lui n'en avait décidé ainsi. Et pourtant, ils me suivent dans mon épopée incroyable.

Mon passé, ma famille, mes amis, mes souvenirs, mes rires, mes peines, tout restera à la maison.

Il faudra tout reconstruire. La petite famille sera là. Mais le reste? Serai -je capable de la recréer? Seul l'avenir me le dira. Pourrais-je m'en passer? Certes, non! Serais-je heureux? Je le crois mais les certitudes me fuient si souvent.

La question qui me hante et continuera à me hanter encore lomgtempsest le bonheur de ma petite famille. Ils remettent leur vie entre mes mains. Quel honneur mais quelle hantise, quelle responsabilité. Ma dulcinée me supporte et me réchauffe le coeur. Ma dulcinée m'aide à me relever dans les moments difficiles.

Tel un vieux monsieur, je regarde déjà ma vie au Maroc par-dessus mon épaule. J'ai volontairement couché mon soleil marocain prématurément. J'espère que mon soleil canadien se lèvera un jour.

18 novembre 2004

Le zombie.

O temps suspend ton vol. Oui mais pendant combien de temps.
Je suis d'un naturel optimiste et entreprenant. Je ne suis plus qu'optimiste. Heureusement d'ailleurs.

J'ai vitrifié notre vie. J'ai gelé nos ambitions. J'ai suspendu nos rêves. Je retiens mon souffle depuis longtemps, trop longtemps me disent certains. Suspendre sa vie, acte difficile et courageux. Cela m'étouffe par moments. Cela étouffe ma dulcinée; je le sens, je la comprends. Mais malgré cela, elle me supporte ardemment dans notre choix, notre désir, notre ambition.

J'ai réussi à sortir de mon corps et à me projeter au-delà des mers. Vivre une attente comme celle-ci, c'est s'enfermer, se recroqueviller, se transformer en zombie. Je ne pense qu'à notre vie après notre vie actuelle. Je suis fou, je me flagelle seul, m'arranguerez-vous. Probablement. Mais pour en arriver là, d'autres m'ont poussés. Je ne supporte plus les contraintes inutiles, j'ai la chair de poule à la vue de certains fonctionnaires.

Seul mon corps vit parmis vous, mon esprit est souvent par-delà les océans. Quelle misère si mon corps ne parvient pas à rejoindre mon esprit. Quelle déception si je dois rappeler mon esprit pour qu'il replonge dans notre si beau Maroc. Quelle désillusion si je dois encore torturer mon esprit. Quelle infamie si ma bulle éclate.

6 novembre 2004

Un si doux regard.

Le regard de mon fils me remplit de bonheur. Et pourtant à son age, il paraît qu'il ne distingue que très peu de choses.

Le sourire de mon fils fait battre mon cœur plus vite. Et pourtant à son age, il paraît que le sourire n'est qu'un mouvement incontrôlé des muscles des joues.

Ma vie a changé. Je ne sais exactement en quoi pour être sincère. Mais elle a changé, basculé, pris du relief.

Je veux ici dire des choses déjà entendues, des lieux communs : l'arrivée d'enfant est formidable, remplit la vie, transporte de bonheur, donne un nouveau souffle, marque un tournant, soude un couple et rend gaga.

Oui, je le sais. Je ne suis ni le premier père, ni le dernier. Et pourtant, mon bonheur est unique au monde, notre bonheur est indescriptible, notre joie est infinie, nos espoirs sont immenses, nos projets sont foisonnants.

Quel bonheur quand je le berce, quelle plénitude quand je le serre dans mes bras, quelle sensation quand je sens son cœur battre près du mien.

Quel merveilleux cadeau, quel présent sans prix. Je souhaite ce bonheur à tout être humain.

Merci mon dieu.

6 novembre 2004

Le Ramadan.

Ils roulent à toute vitesse. Ils ne respectent plus personne sur leur chemin, se croient libérés du code de la route, se pensent au-dessus de toutes les lois, de toutes les civilités, se croient tout permis. Soudain et comme dans un cauchemar, nous revenons en arrière, nous régressons dans nos comportements, nous perdons tout sens de vie en communauté.Un rien enflamme les esprits, une simple discussion se transforme en altercation, en rixe, en pugilat, en joute verbale, en situation infâme et intolérable.

Sommes-nous en état de guerre, sommes-nous maudits?

Nous sommes tout simplement en plein ramadan. Je croyais que ce mois de spiritualité était propice à la réconciliation, au rapprochement, à un comportement exemplaire.

L'activité se ralentit, le travail devient une charge excessive, le moindre prétexte se transforme en formidable excuse pour tirer au flanc. Faire son devoir est ressenti comme une torture. Mériter son salaire passe au second plan. Les maux de tête sont légions, la fatigue est permanente, le manque de sommeil est affiche comme une qualité, comme une preuve.

Somme-nous victimes d'un mal inconnu, sommes-nous victimes d'une épidémie?

Nous sommes tout simplement en plein ramadan. J'aurais pensé cette période propice au travail, au labeur, consacre au service de son prochain. "Le travail est une prière" dit-on chez nous.

Nous prenons un mois de vacances sans autorisation, nous traînons la patte pendant un mois, nous vivotons pendant un mois, nous nous disputons pendant un mois, nous devenons irascibles pendant un mois, nous faisons preuve d'incivilité pendant un mois, nous reportons tout pendant un mois.

Pour moi, le mois de ramadan ne serait supportable que pendant le mois d'août. Et encore, c'est à voir.

27 octobre 2004

Que c'est long!

Il faut avoir de la patience, il faut avoir un souffle incroyable. Le processus d'immigration est long et l'attente est insupportable. Ma boite aux lettres est toujours désespérément vide. Ma vie est suspendue. Tout projet à long terme au Maroc est écarté de mon futur car le visa peut arriver d'un jour à l'autre.

Situation insoutenable car je vis écarté entre deux pays, entre deux continents, entre deux façons de vivre, entre deux futurs différents, entre un espoir et un dégoût. Je suis au Maroc mais mon coeur n'y est plus. Je tremble d'effroi à l'idée de ne pas obtenir mon immigration. J'en arrive à me réveiller la nuit et à me poser des questions. Je n'ose même plus en parler tellement cela me pèse.

Parfois, je me fais sourire. Je ne vis que dans l'espoir d'un départ, j'entraîne ma famille dans ce fol espoir. Ma dulcinée me supporte, m'épaule mais parfois j'ai peur de lui imposer un rêve, un mirage, une hallucination.

Je ferme les yeux et j'espère. Je regarde mon fils et mes idées noires s'évanouissent.

18 octobre 2004

Coucou.

Me voilà, bonjour à tous.



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